Les marrons

Louis-Timagène Houat : Les marrons

On n’en ressort pas indemne, après avoir lu ce roman rédigé quatre ans avant l’abolition de l’esclavage à l’Île Bourbon. Au fil des pages, j’ai rencontré Marie, fille de propriétaire, qui par la force des choses devenait elle aussi, une marronne. Car elle s’était mariée avec Frême, l’esclave de ses parents. Un mariage caché entre une blanche et un esclave Africain. Lui, était offert en cadeau, quand il était encore petit, aux enfants de cette famille, aux frères de Marie. Il était un bout d’entrain. Il amusait la galerie, comme on dit. Il était esclave, mais vivait chez des "bons maîtres".

Les circonstances de la vie, ont fait qu’il a été obligé de s’éloigner de cette famille. Il lui a été interdit d’y revenir, jusqu’au jour où un incendie ravagea l’habitation de son ancien propriétaire. Amoureux de Marie, il ne put s’empêcher d’aller sauver la famille, malgré les interdits. Marie perdit ses parents ce jour-là. Ses frères étaient hors de l’île, pour étudier. Le fruit de cet amour est né dans une grotte, en haut d’une falaise bien cachée des chasseurs. L’enfant était ainsi, un métis né Maronèr.

Ce livre raconte l’histoire des combattants d’une autre époque, ceux qui avaient été capturés, pour devenir des propriétés de l’État. Je retiens ceci, qu’importe son statut social, on trouve toujours des bonnes et des mauvaises personnes. Ma mémoire retient qu’il y avait une blanche qui était devenue une marronne, pour aider son époux à sauver sa peau, leurs peaux. Je retiens aussi qu’il y avait un noir qui se disait être un frère, mais qui n’avait pas hésité à dénoncer son semblable, aussi esclave que lui. Je n’oublierai pas qu’il y avait un propriétaire qui était tellement injuste avec ses esclaves, tellement barbare, qui proposa des sentences inhumaines, dont le Procureur général trouvait trop cruel. Je retiendrai aussi que ce dernier fut traité de Négrophile (qui veut dire « amour du nègre », passion pour la culture noire). Dans son pays, là-bas en Afrique, Frême était appelé Coudjoua, qui semblerait vouloir dire "Lion" ou "Panthère".

N’hésitez pas à lire ce roman historique, dont la plupart des chapitres est visible sur Gallica. Je pense qu’il vous bouleversera également. Bonne lecture et bonne méditation !

Louis-Timagène Houat Traite négrière Esclavagiste Métissage Marronnage Histoire de la Réunion

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